chromo-oiseau-couronnc3a9-ana-rosa12En parcourant les rayonnages de ma bibliothèque, j'ai retrouvé une anthologie de la poésie baroque, en l'ouvrant je suis tombée directement sur ce poème, que j'avais étudié à l'université. Aussitôt les vers me sont revenus en mémoire, les bancs de la fac, la bonne ambiance qui régnait dans ce cours. Je ne suis pas allée chercher plus loin, c'était celui-ci que je voulais faire partager, même si je pense que beaucoup d'entre vous le connaisse déjà.

marbeuf

 

Et la mer et l’amour…

 

Et la mer et l’amour ont l’amer pour partage,

Et la mer est amère, et l’amour est amer,

L’on s’abîme en l’amour aussi bien qu’en la mer,

Car la mer et l’amour ne sont point sans orage.

 

Celui qui craint les eaux, qu’il demeure au rivage,

Celui qui craint les maux qu’on souffre pour aimer,

Qu’il ne se laisse pas à l’amour enflammer,

Et tous deux ils seront sans hasard de naufrage.

 

La mère de l’amour eut la mer pour berceau,

Le feu sort de l’amour, sa mère sort de l’eau,

Mais l’eau contre ce feu ne peut fournir des armes.

 

Si l’eau pouvait éteindre un brasier amoureux,

Ton amour qui me brûle est si fort douloureux,

Que j’eusse éteint son feu de la mer de mes larmes.

 

 Pierre de Marbeuf (1596-1645), Recueil de vers, 1628