La vie devant soi, Romain Gary (Emile Ajar), Gallimard, Folio
C’est une bien belle découverte que ce roman ! J’avais toujours été réticente pour le lire, sans trop savoir pourquoi, le challenge des lacunes, avec la lecture commune avec Fersenette et XL m’a permis de rattraper ce retard.
Ici Momo notre narrateur, un enfant de prostituée laissé comme tant d’autres à la garde de Madame Rosa, elle aussi ancienne prostituée ainsi reconvertie, nous raconte son quotidien. Momo ne connaît pas exactement son âge, ne sait pas vraiment d’où il vient, c’est le plus âgé des autres enfants. Il sait qu’il est musulman comme M. Hamil, qui lit Victor Hugo et lui a appris beaucoup de choses, mais comme Madame Rosa, il se fait vieux. Autour d’eux, évoluent une galerie de personnages tous plus pittoresques les uns que les autres, le médecin juif, le travesti sénégalais au grand cœur, le proxénète illettré aux costumes clinquants. Dans ce monde, Momo n’a que Madame Rosa, et Momo est le préféré de Madame Rosa. Ce petit monde se débrouille comme il peut, mais Madame Rosa vieillit. La peur de la mort, de la séparation, de la maladie vient chambouler leur vie. Le petit Momo va devoir grandir, apprendre à s’occuper des autres.
Le regard de Momo est décalé, le récit n’est en que plus dynamique, drôle et profondément touchant. Derrière la poésie, la pureté de l’enfance, c’est un récit caustique, sans complaisance, un tour de force stylistique pour aborder des thèmes graves comme la prostitution, l’immigration, l’abandon, la vieillesse et la maladie. Les problématiques abordées dans ce roman sont toujours d’actualité, comme l’euthanasie, le statut des immigrés divisent encore la société, 38 ans après la parution et le prix Goncourt.
J’admets que j’ai un petit coup de mou vers le milieu du roman, heureusement le récit rebondit, dès lors, on ne le lâche plus ce roman absolument bouleversant.