Poésie du Jeudi : Beaux jours d'octobre, La Maison de l'enfance, Fernand Gregh
Nous avons de la chance, il fait encore beau , du moins au moment où j'écris ce billet ! Alors autant profiter des derniers beaux jours ! Pour nous accompagner, Fernand Gregh, un poète parisien et cet extrait de son premier recueil (1896).
Beaux jours d'octobre
En ces jours clairs, l'Automne au rêve nous exhorte ;
On prendrait son adieu pour l'éveil du printemps,
Si le bruit et le vol blessé des feuilles mortes
Imitaient les chansons et les ailes d'antan.
Mais en vain nous rêvons d'avril ! Voici les temps
Où l'âpre bise aura les neiges pour escorte.
Les cygnes noirs n'ont pas encor quitté l'étang,
Mais déjà le grand vent d'hiver sanglote aux portes.
Ainsi semble parfois si douce la tristesse,
Qu'on la prendrait pour du bonheur si, par moments,
Plein de cris et chargé de larmes prophétesses,
Un vent mystérieux ne soufflait brusquement
Une angoisse infinie et de proches tourments
Dans l'Automne doré des sereines tristesses.
Poésie du Jeudi : La Nuit d'octobre, extrait, Alfred de Musset, Poésies Nouvelles, Poésie Gallimard
Un petit retour aux sources avec Alfred de Musset, un de mes poètes favoris, que j'ai découvert grâce à Serge Gainsbourg, qui a mis cet extrait du poème en musique.
Parfaitement recommandé en cas de rupture...
Et comme toujours "c'est triste mais c'est beau !"
Honte à toi qui la première
M'as appris la trahison,
Et d'horreur et de colère
M'as fait perdre la raison !
Honte à toi, femme à l'oeil sombre,
Dont les funestes amours
Ont enseveli dans l'ombre
Mon printemps et mes beaux jours !
C'est ta voix, c'est ton sourire,
C'est ton regard corrupteur,
Qui m'ont appris à maudire
Jusqu'au semblant du bonheur ;
C'est ta jeunesse et tes charmes
Qui m'ont fait désespérer,
Et si je doute des larmes,
C'est que je t'ai vu pleurer.
Honte à toi, j'étais encore
Aussi simple qu'un enfant ;
Comme une fleur à l'aurore,
Mon coeur s'ouvrait en t'aimant.
Certes, ce coeur sans défense
Put sans peine être abusé ;
Mais lui laisser l'innocence
Etait encor plus aisé.
Honte à toi ! tu fus la mère
De mes premières douleurs,
Et tu fis de ma paupière
Jaillir la source des pleurs !
Elle coule, sois-en sûre,
Et rien ne la tarira ;
Elle sort d'une blessure
Qui jamais ne guérira ;
Mais dans cette source amère
Du moins je me laverai,
Et j'y laisserai, j'espère,
Ton souvenir abhorré !
Doggy Bag, saison 1, Philippe Djian, 10/18
Marc et David Sollens sont à la tête d’un commerce florissant, un garage de luxe en province. Partageant leur temps entre leur travail, leurs maîtresses et leurs parents, Victor et Irène qui sont séparés, Maman a un peu tendance à forcer sur la bouteille. Un beau jour, Edith réapparaît dans leur garage. Voilà vingt ans que Marc et David ne l’ont pas vue. Par amour pour elle, ils se sont déchirés, au grand dam de leur mère. Mais Edith ne revient pas seule, elle est accompagnée de sa fille Sonia, âgée d’une vingtaine d’année environ. Je vous laisse imaginer la suite…
Admiratif de la qualité de certaines séries américaines, comme Six Feet Under, constatant que les gens lisent de moins en moins mais sont de plus en plus accros aux séries, Philippe Djian en est venu à penser qu’il pouvait jouer avec les codes des séries et les transposer en objet littéraire. Pas d’images, que des mots pour susciter l’intérêt. Et l’attente entre les différentes saisons. Intention parfaitement louable, mais qui pour moi ne fait pas tout. Malgré le rythme soutenu, trépidant même, j’ai parfois perdu le fil car j’ai trouvé qu’il y avait pas mal de situations convenues, je ne suis attachée à aucun des personnages, je les ai même parfois confondus, et donc je me suis ennuyée. Si je ne l’avais pas lu en même temps que Canel, je me serais sûrement arrêtée en chemin ! De Philippe Djian je préfère nettement ses autres romans, ses chansons pour Stephan Eicher, mais je ne vais pas ouvrir ce chapitre pour l’instant !
La méthode Schopenhauer, Irvin D. Yalom, Points, Seuil
Voilà un roman original, qui change radicalement de l’ambiance feutrée des Ailes de la colombe.
À San Francisco, Julius Hertzfeld, psychiatre, découvre qu’il est atteint d’un mélanome, les médecins ne lui donnent qu’un an à vivre. En cherchant le réconfort auprès des philosophes, il décide que cette dernière année sera une bonne année. Il réfléchit sur son parcours, sur les actions thérapeutiques qu’il a mené avec ses patients, conscient que sa thérapie a été souvent efficace, il a pourtant connu certains échecs. Il prend alors son courage à deux mains pour appeler un de ces anciens patients, celui qu’il considère comme son plus grand échec, Philip Slate. Un odieux personnage, venu dans son cabinet car sex-addict, mais aussi asocial, manipulateur, froid, et complètement dénué d’humour. À sa grande surprise, Philip est devenu thérapeute. Mais un thérapeute un peu spécial, il s’inspire des philosophes, de Schopenhauer en particulier, sa lecture lui aurait sauvé la vie et complètement changé. Il demande à Julius d’être son tuteur, en échange, Julius exige de lui qu’il intègre son groupe de thérapie. Contre toute attente, Philip accepte. Au sein du groupe, des personnalités différentes, mais un groupe uni, soudé dont Philip est vite mis au ban à cause de son caractère distant et arrogant. Au fil des séances, les relations entre les membres se complexifient, ils se livrent un peu plus, chacun progresse, tout comme la maladie de Julius.
C’est un roman passionnant, facile à lire. Yalom alterne en courts chapitres l’histoire de Schopenhauer et le récit des séances de groupe. On s’attache très vite aux personnages car on est touché par le destin de chacun. Même pour les néophytes en philosophie ou les réfractaires à la psychologie, ce roman est captivant et instructif !
Les ailes de la colombe, Henry James, Folio, Gallimard
L’été est là et les pavés aussi, on en profite pour réviser ses classiques et combler ses lacunes. Cette fois-ci je me suis attaquée à Henry James et ses Ailes de la colombe. J’avais un très bon souvenir de Portrait de femme et de la Coupe d’or, pourtant j’ai trouvé celui-ci inégal, parfois ennuyeux. La lecture d’Henry James requiert beaucoup d’attention et de concentration car on risque de s’y perdre facilement, le style ne néglige aucun détail, fait des circonvolutions entre les différents points de vue des personnages. L’intérêt du roman réside justement dans la psychologie des personnages, très approfondie, en revanche l’histoire est plutôt simple.
Kate Croy, une jeune anglaise de bonne famille dont le père a dilapidé la fortune, est amoureuse de Merton Densher, un jeune journaliste désargenté. La tante de Kate a d’autres projets pour la jeune fille et souhaite l’unir à un certain Lord Mark. Un beau jour Kate fait la connaissance de Milly Theale, une jeune héritière américaine, en voyage à travers l’Europe avec une amie. Milly fait l’unanimité autour d’elle mais sa fortune considérable attire toutes les convoitises. Milly apprend bien vite qu’elle est condamnée. Kate voit alors la belle aubaine, elle persuade Merton de séduire Milly et de parvenir à l’épouser afin d’hériter de sa fortune. Ainsi devenu riche, il pourra épouser Kate sans que sa tante y fasse objection.
Ce roman nous entraîne de Londres à Venise, là où le drame se joue. Derrière l’amour, l’amitié se cache toujours la seule valeur que tous respectent, le véritable enjeu : l’argent. Milly, que tout le monde compare à une colombe, n’est pas dupe, même si ces qualités, sa soif de vivre font pourtant l’admiration de tous. Heureusement que Milly affiche une fausse naïveté tant ce personnage est irritant de perfection !
Les Ailes de la colombe est malgré tout un très beau roman sur l’amitié, l’abnégation, la pression et les conventions sociales où l’impact de l’argent s’avère pervertir les rapports humains.
Le repas des fauves, Vahé Katcha, L'avant-scène théâtre, Quatre vents
Un ami comédien m’a conseillé la lecture de cette pièce, il l’avait adorée, ce n’est pas forcément dans mes habitudes de lire du théâtre sachant que je ne vais pas voir cette pièce montée, du moins pas dans l’immédiat…Le plaisir de mon ami fut contagieux ! Cette pièce est tout bonnement géniale !
Cela pourrait commencer comme dans une comédie de boulevard classique, un libraire et sa femme attendent leurs amis pour fêter l’anniversaire de Madame, les invités arrivent au compte-goutte : entre autres, un professeur de philosophie, un médecin, un homme d’affaires…Sauf que nous sommes en 1942 en banlieue parisienne, pour se rendre à l’invitation, tous doivent enfreindre le couvre-feu. Néanmoins tous sont ravis de se retrouver et la soirée débute sous les meilleurs hospices. Bientôt des coups de feu retentissent dans la rue. Un officier SS vient leur annoncer la nouvelle, deux officiers allemands ont été abattus. En représailles, l’officier doit prendre deux otages parmi les convives, il leur donne deux heures pour se décider et désigner les malheureux. Dès les premières secondes, les convives stupéfaits font bloc, ils ne choisiront pas deux des leurs et cherchent des solutions alternatives, contacter un autre officier, raisonner celui qui a posé cet ultimatum, chacun y va de sa petite combine, même les plus viles. Rien ne marche, les amis sont au pied du mur. A l’heure du choix, les masques tombent. Face à l’absurdité et la violence de la demande de l’Officier, les plus bas instincts des protagonistes ressurgissent. Qui devrait se sacrifier pour sauver les autres ? « Deux vies pour en sauver cinq ». Qui a le plus à perdre en mourant ? Lesquels sont les plus utiles à la société ? Les grandes questions se posent ! Chacun défend sa vie, personne ne veut mourir et se sacrifier pour les autres, la vie des autres vaut toujours moins que la sienne…
C’est une pièce magnifique à laquelle on ne peut absolument pas rester insensible, portée par des comédiens, elle n’en sera que plus intense ! Si jamais elle se joue près de chez vous, courrez-y !!
Poésie du Jeudi : XV, Sonnets, Louise Labé
Cette fois-ci je vous propose un petit voyage en pleine Renaissance, avec la Lyonnaise Louise Labé.
XV
Pour le retour du Soleil honorer,
Le Zephir, l’air serein lui apareille :
Et du sommeil l’eau et la terre esveille,
Qui les gardoit l’une de murmurer,
En nous coulant, l’autre de se parer
De mainte fleur de couleur nompareille.
Ja les oiseaus es arbres font merveille,
Et aus passans font l’ennui moderer :
Les Nynfes ja en mile jeus s’esbatent
Au cler de Lune, et dansans l’herbe abatent :
Veus tu Zephir de ton heur me donner,
Et que par toy toute me renouvelle ?
Fay mon Soleil devers moy retourner,
Et tu verras s’il me rend plus belle.
Destination Maroc !!
C'est déjà les vacances pour certains, d'autres vont devoir encore attendre un peu, moi, j'en reviens...Le jour de l'été, j'ai décidé de fuir la Fête de la Musique et ses nombreuses festivités pour m'envoler vers Marrakech avec mon amoureux. C'était une première pour moi, la sixième pour lui, Monsieur étant un habitué des lieux il m'a servi de guide plus ou moins efficacement...Nous étions hébergés chez des amis, dans la Medina, on ne pouvait pas être mieux placé, à deux pas de la célèbre place Jemaa-El-Fna et de la Koutoubia. Au programme, visites, Marrakech by night et farniente au bord de la piscine...Lorsque nous sommes arrivés, il faisait plus chaud à Toulouse qu'à Marrakech mais le mercure a vite monté.
Nos valises à peine rangées, nous sommes allés sur la très animée Place Jemaa-El-Fna, se perdre au milieu des vendeurs, des restaurants, des charmeurs de serpents et des montreurs de singes, dépaysement garanti ! Le lendemain, visite des souks, presque personne, on avait les souks pour nous ! Je me suis même fait un copain :
Un petit caméléon, tout mignon, qui est devenu tout pâlichon lorsque je l'ai mis sur mon bras ! Ben oui, rassurez-vous j'ai tout de même pris quelques couleurs depuis ! Surtout grâce à notre petit (?!) périple le lendemain pour aller visiter les Jardins de Majorelle. Les Jardins sont à environ 30 minutes de marche de notre point de chute, nous décidons d'y aller à pied, une petite marche matinale ça fait toujours du bien ! C'était sans compter sur le sens de l'orientation de mon cher et tendre qui lui a fait copieusement défaut cette fois-ci ! Au bout de 2h et des brouettes de marche, après avoir vu la Nouvelle ville, le quartier Guéliz en long, en large et en travers, nous arrivons devant le fameux jardin...Contrairement au souk, il y a beaucoup, beaucoup de monde, mais pour Saint-Laurent je ferais n'importe quoi...Et c'est un vrai bonheur de se profiter de la fraîcheur de ce jardin enchanté !
Remis de nos émotions, nous avons consacré la matinée suivante au Marrakech historique. Là aussi beaucoup de monde, visite des Tombeaux Saadiens, qui regroupe les dépouilles des membres de la dynastie saadienne et leurs grands serviteurs, datant du XVIècle.
Nous avons enchaîné avec la visite du Palais de la Bahia, construit par le Vizir Ba Ahmed à la fin du XIXème siècle. Les premières pièces étaient consacrées à son espace de travail, puis la salle de réception, le harem, et les patios. Un grand regret, une bonne partie du palais était en restauration, notamment les jardins. Un grand nombre de films ont été tournés ici dont Marrakech Express, 100 000 dollars au soleil.
Pour finir, nous sommes allés au Musée de Marrakech, installé dans le Palais Dar M'Nehbi, datant du XIXème siècle, qui abrite à la fois une petite collection représentative de l'artisanat marocain (broderie, bijoux, poterie) et des expositions d'art contemporrain.
Et voici, la Medersa Ben-Youssef, qui jouxte la Mosquée du même nom. L'école coranique date du XVIème siècle, le rez-de-chaussée est richement décoré par contre les chambres des étudiants étaient minuscules et spartiates !
Last but not least, l'emblème de la ville, celle qui sert de point de repère, la Koutoubia !
Et en bonus, les cigognes !!
Bonnes vacances à tous !!
Super Zelda, Tiziano Lo Porto et Daniele Marotta, éditions Sarbacane
Depuis quelques années, Fitzgerald est à la mode, nouvelles traductions, parution dans la Pléiade, adaptations au cinéma, multiples biographies, on y trouve le pire et le meilleur. Quand on ne s’intéresse pas directement à Scott, on se focalise sur celle qui fut son épouse, la fameuse Zelda. Nous avons ici la version bande dessinée de la vie rocambolesque de Zelda Sayre. Après Wonder Woman, Super Girl, voici Super Zelda ! Un portrait de Zelda en super héroïne ? On peut d’ores et déjà se rassurer, ce n’est pas le cas. Rien que du très classique dans cette bande dessinée fortement documentée, grâce aux différentes biographies et correspondances dans lesquelles les auteurs ont puisé.
Même si l’objet est plutôt joli, je n’en ai pas apprécié la lecture. Tout est dans le même ton bleu-gris, que l’on peut trouver mélancolique, original, je l’ai trouvé monotone et ennuyeux à la longue. Les cases sont surchargées de texte, rendant la visibilité pénible et écrasant le graphisme. De plus, les points de vue adoptés varient souvent, alternant les pensées du couple star ainsi que les citations de ceux qui les ont rencontrés. La narration est de ce fait rendue très brouillonne. Cette impression est accentuée par le trait nerveux du dessinateur, les visages sont souvent changeants d’une planche à l’autre, tant et si bien qu’on a parfois du mal à reconnaître les personnages, naturellement j’ai trouvé cela au mieux gênant, voire carrément pénible ! Contrairement à mes attentes, les personnages sont mis à distance du lecteur, cette bande dessinée échoue là où d’autres ont parfaitement réussi à nous rendre les Fitzgerald sympathiques et fascinants. Ce n’est pas du tout l’ouvrage que je recommanderais pour découvrir une personnalité haute en couleurs comme Zelda !
Poésie du Jeudi : Entre le soleil et le silence, Mohammed Bennis
Pour ce nouveau rendez-vous, mes vacances au Maroc m'ont ispirée, quand vous lirez ce poème, j'y serais encore ! Voici donc "Entre le soleil et le silence" du poète marocain Mohammed Bennis. Il est né à Fès en 1948, il devient enseignant d'arabe, il publie ses premiers poèmes dès l'âge de 20 ans. Poète, traducteur, notement de la première version en arabe d'Un coup de dé de Mallarmé, éditeur et fondateur de la Maison de la Poésie au Maroc et contribue à moderniser l'accès à la culture. En 1998, il lance un appel à l'UNESCO pour instaurer une journée mondiale de la poésie, l'année suivante, l'UNESCO proclame le 21 mars comme Journée Mondiale de la Poésie.
Ses oeuvres ont été maintes fois primées, dans les pays du arabophones comme en Europe, la France l'a fait Chevalier des Arts et des Lettres en 2002, en 2006, il est élu Membre d'honneur de l'Association Mondiale de Haïku.
Si vous voulez en savoir plus, je vous invite à visiter son site internet, j'y ai trouvé le poème suivant ainsi que la photo !
http://mohammedbennis.com/mohammed_bennis_fr/index.php
Entre le soleil et le silence
1
Une fois encore j’ai posé mes mains
Sur toi j’ai posé mes paupières
De mon silence
à toi je reviens embelli par les amis
J’ouvre la porte d’en haut
Une soif me saisit
à lire l’onde des souffles dans le corridor du temps
2
Mes visions découvrent où commence le clin d’œil
Devant moi
deux proches du matin
un minaret éternité du vent
Une lumière verticale élargit les angles du balcon
L’écho de tes pas dans un pays qui fuit l’invisible
3
Par le plâtre et le zellige
la géométrie du mot retourne à l’origine
Une aube se lève dans cette gravure
et m’immerge dans l’eau du bassin
Jour après jour elle sème son roseau chantant
Point de parole hormis un cri de ravissement
4
Frère dans la mort
ta présence est ici
ton front le papillon des déserts l’a dispersé
Cette nuit est la nôtre
Nous suivons la courbe du soleil mérinide
Deux amoureux sortis des éloges
qu’inspira le ciel d’al-Andalus
Mes yeux fixèrent Averroès
éparpillant la poussière de l’âme
Nous reste une cour un plan d’eau
une élégie que nous accrochons sur nos murs
parure qui enivre les étrangers
5
La lumière touche mon front ou presque
Je cherche un encrier dans un coin éloigné
A l’entrée des mots
j’entends mon frisson s’approcher et s’en aller
D’un lieu secret viennent à moi
les croissants de la félicité
Dans leur rotation
les lettres calligraphiées parviennent à maturité
la clémence des formes entame sa déambulation
dans la durée de l’aube
Traduit de l’arabe par Abdelwahab Meddeb